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Une rencontre Poutine-Zelensky se dessine après un sommet à la Maison blanche
information fournie par Reuters 19/08/2025 à 04:47

Le président américain Donald Trump a déclaré lundi avoir débuté les préparatifs d'une rencontre entre ses homologues russe et ukrainien, exprimant par ailleurs sa volonté de contribuer aux garanties sécuritaires apportées à l'Ukraine dans le cadre d'un quelconque accord de paix avec la Russie, sans que l'on ne sache dans l'immédiat quelle forme cette aide pourrait prendre.

Donald Trump a effectué ces commentaires à l'occasion d'un sommet extraordinaire organisé à la Maison blanche, où il a reçu le président ukrainien Volodimir Zelensky et un groupe de dirigeants européens alliés de Kyiv, trois jours après un sommet bilatéral en Alaska avec le président russe Vladimir Poutine - avec lequel il s'est aussi entretenu lundi soir par téléphone.

Si le ton des discussions a marqué un net contraste avec la précédente venue de Volodimir Zelensky à la Maison blanche, fin février, qui avait donné lieu à une vive altercation entre les présidents américain et ukrainien, aucun accord de paix ne semblait pour l'heure à portée de main.

Comme elle l'a régulièrement fait par le passé, la Russie a rejeté l'hypothèse que des troupes de l'Otan soient déployées en Ukraine pour favoriser un accord de paix, effectuant un communiqué via son ministère des Affaires étrangères quelques heures à peine avant le début des discussions à Washington.

"S'agissant de la sécurité, il va y avoir beaucoup d'aide", a déclaré Donald Trump aux journalistes, ajoutant que les Européens seraient impliqués dans les démarches, alors que le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz, notamment, accompagnaient Volodimir Zelensky à Washington.

"(Les Européens) sont une première ligne de défense, parce qu'ils sont là (géographiquement), mais nous allons les aider", a ajouté le président américain.

Volodimir Zelensky a salué un "grand pas en avant", déclarant au cours d'une conférence de presse que les garanties de sécurité seraient "formalisées sur papier sous une semaine à dix jours".

RENCONTRES BILATÉRALE ET TRILATÉRALE

Emmanuel Macron s'est réjoui pour sa part des "lignes importantes" actées durant les discussions à la Maison blanche, citant en premier lieu les garanties sécuritaires à Kyiv dont "le contenu", a-t-il dit, va être élaboré avec Washington.

S'exprimant devant les journalistes, le président français a fait savoir également que le "principe d'une série de rencontres" a été convenu, avec en premier lieu une rencontre bilatérale entre Volodimir Zelensky et Vladimir Poutine, puis un format trilatéral impliquant également Donald Trump.

Rendant compte via son réseau social Truth du coup de téléphone passé à Vladimir Poutine lundi, le président américain a déclaré avoir débuté les préparatifs d'une rencontre entre ses homologues russe et ukrainien, avant un sommet à trois.

D'après une source au sein de la délégation européenne présente à Washington, le chef de la Maison blanche a déclaré aux dirigeants européens que ces rendez-vous ont été suggérés, dans cet ordre, par Vladimir Poutine.

Friedrich Merz a déclaré en conférence de presse que la rencontre entre Volodimir Zelensky et Vladimir Poutine devrait intervenir sous deux semaines. Le lieu reste à déterminer, comme l'a dit également Emmanuel Macron, précisant qu'une décision pourrait être prise dans les "prochaines heures".

Un haut représentant de l'administration Trump a évoqué la possibilité que la rencontre Poutine-Zelensky se déroule en Hongrie. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est un proche du président russe.

Aucune confirmation n'a été donnée par Moscou d'un possible sommet entre les dirigeants russe et ukrainien.

Youri Ouchakov, conseiller du Kremlin, a déclaré sur le compte officiel de la présidence russe sur Telegram que Vladimir Poutine et Donald Trump ont discuté "de la possibilité de relever le niveau des représentants" prenant part aux discussions directes entre la Russie et l'Ukraine.

Le dernier cycle de négociations directes entre les deux camps s'est tenu en juin dernier en Turquie. Vladimir Poutine avait alors ignoré l'invitation effectuée publiquement par Volodimir Zelensky à une rencontre en face-à-face.

PRESSIONS

Les Européens ont à nouveau exhorté lundi Donald Trump à faire pression sur Vladimir Poutine pour que ce dernier accepte l'instauration d'un cessez-le-feu en Ukraine, où le conflit fait rage depuis trois ans et demi, avant d'ouvrir des négociations de paix. "On ne peut pas discuter sous les bombes", a souligné Emmanuel Macron devant les journalistes, appelant à "augmenter la pression" sur la Russie en l'absence d'avancées.

Alors qu'un cessez-le-feu était l'objectif annoncé de son sommet bilatéral avec Vladimir Poutine vendredi, Donald Trump a dit avoir changé d'avis après cette rencontre, adoptant la position de Moscou selon laquelle tout accord devait apporter une solution exhaustive au conflit.

Le président américain a dit lundi dans le Bureau ovale qu'il aimait le concept de cessez-le-feu mais que Russie et Ukraine étaient en mesure de travailler à un accord de paix tout en poursuivant les combats.

"J'aimerais qu'ils arrêtent (les combats)", a déclaré Donald Trump aux journalistes. "Mais, stratégiquement, cela pourrait être un désavantage pour un camp ou l'autre", a-t-il ajouté.

Kirill Dmitriev, émissaire spécial du Kremlin, a salué sur le réseau social X une "journée importante pour la diplomatie aujourd'hui, en mettant l'accent sur une paix durable et non pas un cessez-le-feu temporaire".

TENUE ET TON DIFFÉRENTS

Volodimir Zelensky, qui s'est entretenu en privé avec Donald Trump avant que les deux présidents ne soient rejoints par les dirigeants européens et le secrétaire général de l'Otan pour plus de deux heures de discussions multilatérales, a mieux géré sa visite à la Maison blanche que la précédente.

Alors pris à partie par Donald Trump et son vice-président J.D. Vance lui reprochant ce qu'ils ont décrit comme un manque de gratitude envers les Etats-Unis, le président ukrainien a remercié lundi à plusieurs reprises l'administration Trump dès les premiers commentaires qu'il a effectués devant la presse à son arrivée à la Maison blanche.

Contrairement à son déplacement en février, Volodimir Zelensky n'était cette fois pas isolé. Et il avait délaissé sa traditionnelle tenue militaire qui, selon des informations de presse, avait irrité Donald Trump, pour arborer un costume noir - ce qui a ravi son hôte.

Le président américain a accueilli chaleureusement Volodimir Zelensky à son arrivée, exprimant par ailleurs son "amour" pour la population ukrainienne.

A Anchorage en Alaska, où les Etats-Unis disposent d'une base militaire aérienne, le président américain avait déroulé le tapis rouge à Vladimir Poutine, avec lequel il a renoué le dialogue dès son retour au pouvoir en janvier dernier, vantant sa capacité à mettre fin rapidement au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Donald Trump nie que le sommet américano-russe de vendredi a constitué une victoire pour le chef du Kremlin, poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre présumés en Ukraine - des accusations qu'il rejette - et isolé sur la scène internationale depuis le lancement en février 2022 de ce que Moscou a présenté comme une "opération militaire spéciale", dénoncée comme une invasion par Kyiv et ses alliés.

L'administration Trump dit penser que les deux camps doivent effectuer des compromis.

Reste que le président américain a régulièrement mis la pression sur son homologue ukrainien, déclarant que Kyiv devait abandonner l'espoir de récupérer la péninsule de Crimée - annexée par la Russie en 2014 - et l'objectif d'intégrer l'Otan.

Alors que Donald Trump a récemment évoqué la nécessité d'un "échange de territoires pour le bien des deux parties", Volodimir Zelensky a rejeté l'idée de céder des territoires à Moscou, notamment le Donbass, dans l'Est ukrainien, sur lequel Vladimir Poutine veut entièrement mettre la main.

(Reportage d'Andrea Shalal, Max Hunder, Tom Balmforth, Trevor Hunnicutt, Sabine Wollrab, Vitalii Hnidyi, Tim Kelly, Fabian Hamacher, Ludwig Burger et Anita Komuves, avec la contribution de Katharine Jackson, Jarrett Renshaw, Steve Holland et Zoe Law; rédigé par Jean Terzian)

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